MINI-MISSION A L'ETRANGER
, Mai%202005
La Slovénie après son entrée dans l'Union Européenne

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Le 12 mai 2003, Madame Magdalena Tovornik, ambassadeur de Slovénie en France, nous faisait l’honneur d’un dîner-débat sur le thème « La Slovénie et l'entrée des nouveaux pays dans l'Union européenne ». A l’issue de ce dîner passionnant, Madame l’Ambassadeur nous invitait à venir découvrir de visu son pays, dont les (bonnes) relations avec la France remontent au moins à Napoléon… Ainsi germa l’idée d’une mission en Slovénie, tant pour découvrir ce très joli petit pays, la « Suisse de l’est », dynamique et le plus développé des nouveaux états membres, que pour tisser et renforcer les liens franco-slovènes.

Notre camarade Jean-Paul Couf (MS1986), organisateur du dîner-débat et disposant d’un réseau relationnel efficace avec la Slovénie par les échanges éducatifs, scientifiques et industriels qu’il a montés avec la région stéphanoise, a été l’artisan et le chef d’orchestre de cette mission de très grande qualité. Masa Arko, responsable du tourisme à l’ambassade de Slovénie à Paris, a été notre guide, interprète et a illuminé tout le voyage de son charmant sourire. Sa présence était d’autant plus importante que l’ambassade a le projet d’ouvrir un office du tourisme slovène à Paris, et que le club Pangloss pourrait peut-être apporter une petite pierre à cet édifice…

La mission a finalement connu un grand succès avec la participation de 11 panglossiens et 5 membres de l’association CIEL. L’accueil sur place a été très chaleureux et les personnalités rencontrées de grande qualité : l’ambassadeur de France et sa mission économique, deux maires, deux grandes entreprises, trois organismes éducatifs, nous ont reçus, entre autres. Nous avons ainsi pu découvrir les différents secteurs de la vie politique, économique, culturelle slovène, ainsi que l’attrait de quelques-unes de ses régions touristiques.

Au retour de cette mission, nous pouvons dire que nous avons été à la fois conquis par la beauté et le charme de ce pays, et impressionnés par son dynamisme. Nul doute que beaucoup d’entre nous y retourneront !



L’identité slovène et la langue
Un des thèmes marquants de la mini-mission a été la découverte du niveau auquel les Slovènes tiennent à leur identité nationale, et depuis plusieurs siècles.

Le signe fort de cette identité, c’est d’abord la langue : il s’agit d’une langue slave, originale, certes proche du croate ou du russe, mais pas plus que le français ne l’est du portugais ou de l’italien. Elle existe probablement depuis le VIIème siècle, et le premier texte écrit date de 972 (codex Freising).
La langue unit le pays (en fait 88% de la population) : la traduction de la Bible en slovène par les luthériens en 1584 a suscité le développement d'une littérature, et ainsi accéléré la prise de conscience du particularisme slovène. C’est aussi grâce à elle que la courte guerre d’indépendance (contre la Serbie en juin 1991) a été gagnée : l’armée slovène a pu être rapidement crée à partir de la police locale, unie par la langue alors que les polices d’autres républiques yougoslaves étaient davantage disper-sées. Napoléon est un héros pour les Slovènes, car il a réintroduit l’enseignement de la langue dans les écoles en 1810 (le pays faisait alors partie des « provinces illyriennes », et permis que les discussions avec l’administration se tiennent en slovène plutôt que dans l’allemand officiel de l’empire austro-hongrois.

L’importance de la langue est aussi grande aujourd’hui, où l’indépendance n’est plus menacée : tous les panneaux sont en slovène, avis officiels, publicités, signaux routiers, etc. Ce n’est que sur la côte qu’un bilinguisme apparaît, les slovéno-italiens ayant un statut particulier, y compris linguistique (il s’agit de quelques milliers de personnes qui ont, pour des raisons historiques datant de la seconde guerre mondiale, un double passeport – voire un triple avec le croate -). Et il n’y a que peu de concessions aux touristes, les notices des vitrines des musées ou autres lieux touristiques ne sont pas toujours traduites. Et si c’est le cas, c’est généralement vers l’allemand ou l’anglais, quasiment jamais le français, hélas !

Un autre signe fort de l’importance de la langue dans l’identité est l’art : demandez à un slovène de vous citer des artistes nationaux, il commencera quasiment toujours par la littérature, avec un poète comme France Prešeren (1800-1849), ou le noveliste Ivan Cankar (1876-1918). Pourtant la Slovénie a aussi donné naissance à des cinéastes (Jan Cvitkovic, Lion d'Or du meilleur premier film à Venise en 2001), à des musiciens (du classique Jakob Gallus au groupe de rock Siddharta), des architectes (Jože Plecnik (1872-1957) est le Rastrelli de Ljubljana), et son école de design, bien que méconnue, vaut largement celle de Londres ou du Danemark. La Slovénie reste le premier pays d’Europe par le nombre de livres publiés par tête d’habitant…

Un proverbe dit qu’une nation qui ne veille pas à la qualité de sa langue chez elle doit s’attendre à ce que les étrangers ne la respectent pas. Pas de risque de ce genre en Slovénie !!
Guy BERMAN (MP1973)