MINI-MISSION A L'ETRANGER
, Mai%202005
La Slovénie après son entrée dans l'Union Européenne

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L’industrie slovène : l’excellence de la mécanique
1. Gorenje à Velenje

Gorenje est situé à Velenje, centre économique, culturel et administratif de la vallée Saleska et principal site d’exploitation du charbon en Slovénie vers1950. Créée en 1950, l’entreprise Gorenje fabrique des poêles à charbon en 1958, puis se diversifie après 1966. Avec l’indépendance de la Slovénie et la guerre dans l’ex-Yougoslavie, le marché national est divisé par 10, et Gorenje se reconvertit ves l’export d’électroménager, principalement vers l'Allemagne.

La fabrication des réfrigérateurs se fait sur un site unique de 3 hectares. Les compresseurs et les évaporateurs sont achetés à 5 fournisseurs étrangers, tout le reste est fabriqué dans l’usine à partir de matériaux de base. 50 modèles différents sont produits. La structure des coûts est grossièrement la suivante : 30% compresseur, 15% main d’œuvre (le salaire de base mensuel est de 450 € net) . La production globale du site est de 13 000 unités par jour (réfrigérateurs, lave-linges et lave-vaisselles ainsi que des fours). Gorenje exporte 93% de sa production dont 80% vers les pays de l’Union européenne.

Aujourd’hui Velenje est le principal site de Gorenje qui vient de racheter une usine en Moravie, près de Brno, pour bénéficier de coûts de main d’œuvre inférieurs. En effet, le groupe doit affronter la concurrence de l’Est (notamment du turc BEKO), un dollar faible alors que le SIT (tolar) suit le cours de l’euro, et la hausse de prix des matières premières.

2. Renault-Revoz à Novo Mesto

Novo Mesto est au centre d’une région de tradition industrielle en mécanique et en chimie. En 1954, le constructeur de machines agricoles AGROSERVIS signe un accord avec AUTO-UNION. La coopération avec la régie Renault commence à la fin 1972. Avec l’indépendance de la Slovénie, Revoz s’établit en société anonyme en 1990 et Renault peut en acquérir une part majoritaire à 54% en 1991, portée à 100% en 2004. Depuis 1993, le site produit des Clio. A partir de l’été 2005, il se prépare à produire un nouveau modèle, mis en production en 2006.

La production de Renault Revoz est organisée, sur une surface de l’ordre de 23 000 m2, en quatre départements principaux : l’emboutissage, la tôlerie, la peinture et le montage. Les pièces détachées proviennent des différentes usines du groupe Renault, de sous-traitants ou sont réalisés sur place. La chaîne logistique est cependant un élément fragile dont nous avons pu être témoins. En effet, lors de la visite de la partie relative aux essais de conformité, nous nous sommes étonnés de voir un certain nombre de voitures bancales, avec un petit air comique de hors-bord. L’explication vint immédiatement. Le fournisseur d’amortisseurs arrière était en retard et donc l’usine en rupture de stock pour certains modèles. Ils étaient donc finis sans amortisseurs et stockés ainsi afin d’être ré-équipés ultérieurement, pour ne pas perturber la chaîne de fabrication.

Il est à noter une retombée particulière de l’indépendance de la Slovénie : à savoir le départ des ouvriers croates de l’usine, leur transit inter-frontalier devenant de plus en plus complexe, et ce, malgré la difficulté à trouver des embauches sur le marché du travail de leur pays d’origine. Malgré tout, des faiblesses demeurent, notamment la lenteur des réformes structurelles (les avantages sociaux hérités de l’ex-Yougoslavie présentent des risques importants de dérapage de la dépense publique), ce qui a conduit le gouvernement actuel à mettre en place des mécanismes d’indexation limitant les salaires du secteur public. En effet l’inflation demeure supérieure au niveau moyen de l’UE à 3,6% en 2004 avec des projections à 1,9% en 2005 et à 1,7% en 2006 (projections à 2,6% en 2005 et 2006 avant l’annonce de ces mesures).

Si les salaires semblent se situer dans la moyenne régionale, les employés bénéficient de quelques avantages à travailler pour le groupe Renault. Les difficultés ressenties dans le management de l’écart culturel entre slovènes et français que retrace avec beaucoup de pertinence l’article des Annales des Mines de juin 19951 semblent maintenant de l’histoire ancienne ; le personnel local démontre au quotidien sa capacité à faire fonctionner l’usine de Novo Mesto en atteignant une des meilleures productivités du groupe alors que la présence des français en fonctionnement normal reste très réduite. On sent d’ailleurs une fierté légitime de la part du personnel à l’atteinte de ce résultat que renforce un sentiment d’appartenance au groupe industriel international Renault-Nissan.
François Giger (MP1978) et Pierre Maréchal (MP1980)

1 « Gérer en Slovénie – Les difficultés de la communication inter-culturelle » par Tatjana Globokar, chercheur associé au laboratoire gestion & société du CNRS. Annales des mines, juin 1995.