MINI-MISSION A L'ETRANGER
Slov%C3%A9nie, Mai%202005
La Slovénie après son entrée dans l'Union Européenne

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Politique économique
1. Une politique économique et financière stable, raisonnable et « prévisible »

Depuis l’accession à l’indépendance en 1991, la Slovénie a connu, aussi bien sous le gouvernement de centre gauche de 1991 à 2004, que depuis, sous celui de centre droit, une politique de réformes structurelles conduites de manière résolue, mais sans hâte. L’Etat s’est désengagé des secteurs industriels à l’exception des secteurs « stratégiques » (Energie, BTP et télécommunications). Ceci a permis aux industriels de se moderniser et de se tourner résolument vers l’exportation, notamment vers l’Union Européenne. Parallèlement le nombre des entreprises est passé de 3 000 en 1991 à 65 000 en 2005.

Le gouvernement a donné la priorité aux infrastructures, notamment les autoroutes qui relient le pays tant à l’UE (Autriche notamment) qu’à la mer et à l’Europe centrale. Ceci permet au pays de bénéficier pleinement de sa position centrale en Europe : 1000 km seulement pour atteindre Paris, Amsterdam, Athènes ou le Danemark. L’accès à la mer se fait par le port de Koper qui ne cesse de s’agrandir et a ravi la place de premier port régional à Trieste, même s’il est un peu handicapé par son environnement montagneux. Koper est choisi par la plupart des pays d’Asie pour pénétrer le marché européen car cela permet de gagner une semaine sur les délais de livraisons par rapport aux ports de la Manche et la mer du Nord en passant par Suez.

Par ailleurs sur cette période la croissance annuelle a été régulièrement située entre 3 et 4% et le niveau de vie des Slovènes est de 77% de la moyenne de l’UE, situant la Slovénie devant le Portugal et la distinguant des autres pays d’Europe de l’est qui viennent de rejoindre l’UE en même temps que la Slovénie. Ainsi au plan économique, après un an d’intégration dans la Communauté européenne, il est encore délicat d’en préciser l’impact mais :
- la monnaie est stabilisée vis à vis de l’euro ce qui élimine le risque de change ;
- l’économie est passée d’une économie « régionale », tournée vers l’ex-Yougoslavie, à une économie internationale, tournée vers l’Europe, notamment en raison des barrières douanières qui rendent les échanges avec le voisin croate plus difficiles ;
- la prochaine étape sera le passage du Tollar, la monnaie slovène, à l’euro.

La composition du PIB s ‘apparente à celle des pays développés, où les services tiennent une part prépondérante (61%), devant l’industrie (31%), la construction (5%) et l’agriculture (3%).

2. Des projets prioritaires : la réforme territoriale et le passage à l’euro

L’Union européenne considère la Slovénie comme une région unique, ce qui l’exclut des fonds structurels. Le gouvernement actuel souhaite faire évoluer cette situation et créer 3 régions pour garantir un développement équilibré du pays, deux de ces régions pouvant alors prétendre aux fonds en question. Toutefois la plupart des responsables locaux rencontrés ne semblaient pas vraiment croire à ce projet dans la mesure où aucune réflexion sur le domaine de compétences des régions n’a réellement été menée. Enfin, l’intérêt d’obtenir davantage de fonds européens n’est pas évident pour tous, du fait du niveau faible de mobilisation effective des fonds européens en 2004 par rapport aux enveloppes allouées. Ainsi la Slovénie qui souhaitait 80,3 milliards de Tollars, en a obtenu 66,5 mais n’en a dépensé que 44 milliards.

L’autre priorité est l’intégration de la Slovénie à l’euro au 1er janvier 2007, ce qui ne semble pas faire de doute dans la mesure où la plupart des critères sont d’ores et déjà satisfaits (déficit budgétaire ramené à 2,2% du PIB en 2005, croissance raisonnable, Banque Centrale indépendante, mais inflation encore importante). La monnaie locale, le tollar, est stable par rapport à l’euro (fluctuations inférieures à 0,1%) et la population sondée est favorable à 75% au passage à l’euro à la date prévue. Il est frappant de constater que sur le marché à Ljubljana, il est déjà possible de payer en euro !!!

Malgré tout, des faiblesses demeurent, notamment la lenteur des réformes structurelles (les avantages sociaux hérités de l’ex-Yougoslavie présentent des risques importants de dérapage de la dépense publique), ce qui a conduit le gouvernement actuel à mettre en place des mécanismes d’indexation limitant les salaires du secteur public. En effet l’inflation demeure supérieure au niveau moyen de l’UE à 3,6% en 2004 avec des projections à 1,9% en 2005 et à 1,7% en 2006 (projections à 2,6% en 2005 et 2006 avant l’annonce de ces mesures).

Une autre des faiblesses du pays réside dans la difficulté à accélérer les projets, en les formulant et en les évaluant rapidement (d’où le faible taux d’utilisation des fonds européens) du fait du manque de « capacités administratives », à l’inverse de la France qui est sur-administrée ! Ceci a donc amené le Ministre des finances à fixer deux priorités à son ministère : la simplification du système fiscal et l’utilisation des fonds européens.

3. Un pays tourné vers l’exportation, notamment vers l’Union européenne, bon partenaire de la France

Depuis l’indépendance, le pays s’est tourné rapidement vers l’exportation qui représente maintenant 50% du PIB. Les échanges avec le France sont limités (6% des exportations pour 63% vers l’UE, et 9% des importations pour 78% pour l’UE), les importations étant constituées pour l’essentiel de pièces d’équipement pour Renault (usine de Nove Mesto).

Les échanges se développent vers de nouveaux pays, comme la Russie, la Chine et même l’Amérique du Nord, tandis que les échanges avec l’ex-Yougoslavie se maintiennent à 6% à l’import et 20% à l’export. On note une forte concentration des équipements automobiles (toujours Renault !!) aussi la CCI souhaite développer d’autres secteurs comme la chimie.

La France représente sur les 4 dernières années, le 3ème ou 4ème partenaire de la Slovénie, où elle exporte pour environ 1 milliard d’euros mais ceci a tendance à stagner ces dernières années. Les échanges sont favorables à la France avec un excèdent de 300 à 500 millions d’euros selon les années. L’investissement français est important avec la 4ème place et la Mission économique se félicite donc de l’installation de 45 filiales de groupes français, tout en regrettant qu’il n’y ait pas davantage de projets en cours car si « la fenêtre de tir est encore ouverte », ceci ne devrait pas durer. La France risque d’ailleurs de se faire distancer par l’Allemagne qui fait des efforts importants et vient de lui ravir la 3ème place pour les investissements du fait de la quasi-stagnation des investissements français.

Les atouts de la Slovénie pour attirer les investisseurs sont la compétence de la main-d’œuvre qui est moins chère qu’en Europe de l’ouest (cf. Gorenje ou Renault), et la position centrale du pays qui en fait une excellente plate-forme pour l’exportation vers l’Europe centrale et orientale.

Bien évidemment, une telle politique peut aussi présenter des risques de délocalisation plus vers l’est, mais la plupart des sociétés développent déjà des stratégies soit en montant en gamme comme Gorenje à travers son partenariat avec Pininfarina et en investissant en Moravie pour le bas de gamme, soit en raisonnant « Europe ». Cette dernière stratégie concerne d’ailleurs des entreprises de taille réduite, comme on pourra le voir à travers les exemples de l’entreprise de transformation laitière de Kele-Kele ou la stratégie des producteurs de vin de la région de Dobrovo.
Jean-François Cuvier (MP 1975) et Pierre-Yves Landouer (MP 1984)