MINI-MISSION A L'ETRANGER
Syrie, Mai%202009
La Syrie aujourd'hui

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Lattaquié
Entretien avec le Colonel Abou Doureid

Le colonel ne parlant ni le français ni l’anglais se contente de nous observer du coin de l’œil tandis que nous échangeons, en anglais, avec son collègue interprête. Celui-ci est responsable d’une compagnie maritime qui possède 10 cargos, de 5 à 16 000 tonnes, basés à Lattaquié. Ils naviguent en Méditerranée essentiellement vers l’Egypte et la Turquie, au départ de Lattaquié ou du Liban. Comme fret, on trouve notamment des produits agricoles de Syrie ou du Liban.

Du fait de la crise le coût du fret a fortement baissé, de telle sorte que certains navires, trop anciens ou trop coûteux, ne sont plus rentables. Mieux vaut les laisser amarrés. Les démolir direz vous. Hélas, point de prime à la casse ici, donc ils rouillent tranquillement en attendant un fret illusoire, sans garantie d’arriver à bon port.

Peut-on imaginer des débouchés vers le Moyen-Orient : non, les navires ne franchissent pas le canal de Suez qui est trop cher.
Un autre débouché alors ? Cette fois, terrestre, vers l’Irak. On affrète des camions. Mais attention ! Ce trafic est complexe et soumis à des règles bien particulières.
Et les employés me direz-vous : les marins sont syriens, indiens, ukrainiens, égyptiens. Ils reçoivent des salaires « corrects » (500 à 800 USD/mois). Les marins de cette région sont formés à l’école d’Alexandrie.

Le colonel qui jusque là ne dit mot nous lâche, par interprète interposé, sa fonction : il connaît la moitié du Liban. Normal puisqu’il y a exercé du temps de l’occupation du Liban par l’armée syrienne. Il peut mettre les gens en relation. Un « go-between », sésame indispensable pour tout trafic. Quelle ne sera pas notre surprise d’apprendre, de retour à la capitale, que le colonel souhaite nous faire ses adieux en personne, les bras chargés de cadeaux à la symbolique mystique (j’hérite d’un dragon aux yeux exorbités qui trônerait bien dans une kermesse ou une foire). Flattés, nous serons, c’est promis, les meilleurs ambassadeurs de la Syrie de retour dans nos foyers.

Entretien avec Oustaz Kamal, président de la Chambre de Commerce

Le président de la Chambre de Commerce est le cousin germain du président. L’entretien se déroule en anglais. Je crois que nos interlocuteurs sont aussi curieux, voire dubitatifs sur notre présence que nous pouvons l’être à leur sujet. Que vient faire cette petite bande joyeuse de Français sur les traces des croisés ? Veulent-ils rétablir de bons liens commerciaux, mis à mal par une politique mondiale d’isolement de la Syrie, veulent-ils introduire une succursale de Carrefour ou de je ne sais quelque grande entreprise française totalement inconnue en ces terres. N’ont-ils pas compris que la chambre de commerce s’efforce d’exporter les produits syriens et non pas à introduire des entreprises étrangères. Les relations ne sont pas mauvaises entre nos pays, nous affirme notre interlocuteur, même si nous essayons par tout moyen de leur faire avouer d’hypothétiques difficultés que nous serions les premiers à vouloir aplanir. Pangloss au secours du commerce extérieur ! Franchement ! Nous aurait-on menti ? Certes, les relations pourraient être améliorées, par exemple par des échanges autour de meetings, ou grâce au jumelage avec la CCI de Marseille.

Force est de constater que la France est loin derrière l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, la Turquie, en termes de relations commerciales, à peine devant la Chine et l’Ukraine. Que de chemin à parcourir.

Conclusions

Que ce soit dans un but touristique, littéraire, culturel, ou pourquoi pas commercial, la Syrie est le must qu’il faut découvrir. Les atouts ne manquent pas : touristiques bien sûr, historiques surtout (on compte 4000 sites historiques dont beaucoup ont à peine été explorés). Le pays regorge de blé, d’huile d’olive (celle qui sert à fabriquer le savon d’Alep par exemple), d’agrumes. Il suffit d’un peu d’eau pour démultiplier les saisons, jusqu’à 4 comme chez Vivaldi, mais 4 étés !

Et le petit plus du pays : grâce à une discrète police camouflée dans la population, le pays est extrêmement sûr.
Pierre-Yves Landouer (MP 1984)