MINI-MISSION A L'ETRANGER
, Mai%202012
Place de la Jordanie au Moyen-Orient

Un destin particulier Ambassade de France Jerash Al-Quds Jordan Media Institute Père Hanna Kildani et sœur Noellie Pétra, Kérak, Mer Morte, mosaïques



photo n°1 - 2012mai_3 photo n°2 - 2012mai_3 photo n°3 - 2012mai_3 photo n°4 - 2012mai_3 photo n°5 - 2012mai_3 photo n°6 - 2012mai_3 photo n°7 - 2012mai_3 photo n°8 - 2012mai_3 photo n°9 - 2012mai_3 photo n°10 - 2012mai_3 photo n°11 - 2012mai_3 photo n°12 - 2012mai_3 photo n°13 - 2012mai_3 photo n°14 - 2012mai_3 photo n°15 - 2012mai_3 photo n°16 - 2012mai_3 Photos G. Berman & P-Y. Landouer   (pour agrandir une photo cliquer dessus)


JERASH – 15 mai 2012
Jacques Seigne, Directeur de recherches au CNRS, responsable de l’antenne IFPO (Institut Français du Proche-Orient, devenu Centre Culturel de Jordanie) à Amman, et auteur de nombreuses publications scientifiques, est responsable des fouilles archéologiques pour la France sur le site, où il travaille depuis plus de 20 ans.

Jérash, (ou Gerasa), construite sur un site occupé au néolithique, est une ville exceptionnelle avec remparts, arcs de triomphe, cardo à colonnes préservé, 3 temples, 3 théâtres (dont un de 3000 places), 7 installations thermales, un hippodrome qui servait à des combats de gladiateurs, des halles, et 23 églises. L’habitat reste à découvrir.
La Direction des antiquités de Jordanie a des missions et moyens limités. La mission française s’interdit certaines pratiques pouvant « fluidifier » les décisions et les moyens de travail sur place, mais qu’emploient d’autres délégations dans le cadre d’une concurrence entre missions étrangères. Elle doit en outre répondre aux normes de la comptabilité publique française, sans la souplesse nécessaire à la bonne conduite de fouilles dont les découvertes et leur mise en valeur sont imprévisibles.

La mission archéologique vise à remettre en place les vestiges historiques, avec deux difficultés. L’une est tradition-nelle car les constructions anciennes ont toujours servi de carrières pour de nouvelles constructions et que des vestiges, intégrés dans des constructions plus récentes, ne sont plus récupérables. L’autre est que des pièces historiques sortent parfois des sites archéologiques et, même lorsqu’elles sont localisées, il est presque impossible de les récupérer. Des copies sont réalisées pour reconstituer le site.

Seulement 4% du site a été fouillé, et ce qui a déjà été trouvé laisse penser que de nombreuses découvertes sont encore à faire si les moyens permettent de fouiller l’est de la ville. Mais la ville moderne a été bâtie sur des maisons romaines, en réutilisant les matériaux anciens. La ville a été construite au 3ème siècle avant J.C., à proximité de deux sources d’eau, un peu à l’écart des routes tradition-nelles de commerce, sur les deux rives d’un oued. L’eau a permis de développer l’agriculture alentours et d’alimenter une ville de 20 000 habitants au 3ème siècle, dotée de thermes. La ville a été abandonnée après des pillages perses en 614, arabes en 635, puis une épidémie de peste qui finit de décimer ses habitants. En 714, un violent tremblement de terre détruisit Jérash qui fut alors abandon-née pendant des siècles. Elle ne fut redécouverte qu’au 19ème siècle dans un exceptionnel état de conservation. Cette « Pompéi du Proche-Orient » est une ville gréco-romaine d’une superficie d’une centaine d’hectares avec un diamètre de 3 km, érigée selon des plans constamment remaniés, et non pas comme une ville nouvelle romaine bâtie avec une planification pré-établie de rues en damier. Elle a une histoire mouvementée, de conflits avec Rome lorsque ses habitants protégeaient les juifs pendant leurs révoltes, et à cause des séismes multiples.

Parmi les découvertes étonnantes, montrant la capacité d’innovation de cette ville, citons : une maison à étages bâtie sur un moulin à huile avec son système de meule, les constructions d’un architecte audacieux, Diadoras, avec des voûtes en berceaux, un sanctuaire oraculaire avec une stèle portant une dédicace à la déesse Vérité (l’oracle), la grotte dans laquelle la pythie devait se tenir, le temple d’Artémis, d’un modèle unique avec à l’échelle tous les éléments pour apprendre à un élève architecte à construire un temple, et la première machine hydraulique à découper les pierres, excep-tionnelle car preuve d’un début de mécanisation du travail dans le monde antique.
Les moyens alloués par la France pour les fouilles de Jerash sont de 13 000 € par an. Ceci permet de rétribuer des ouvriers jordaniens, mais pas de faire venir des étudiants français en archéologie. 11 000 € ont été alloués par l’attaché culturel de l’Ambassade de France pour financer des restaurations de monuments, Quelques dotations dues au mécénat d’entreprises, viennent compléter ces maigres moyens.

L’Italie et le Danemark (30 étudiants) sont aussi présents à Jerash, tandis que les Etats-Unis ont arrêté leur participation.
Un grand merci à Jacques Seigne pour le temps qu’il nous a consacré et sa passion qu’il a su nous faire partager.
Claudie et Jean-Pierre Mikol (MP 1974)