MINI-MISSION A L'ETRANGER
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Place de la Jordanie au Moyen-Orient

Un destin particulier Ambassade de France Jerash Al-Quds Jordan Media Institute Père Hanna Kildani et sœur Noellie Pétra, Kérak, Mer Morte, mosaïques





AL-QUDS – 17 mai 2012
Al-Quds (Center for Political Studies), est un institut indépendant de recherche basé à Amann depuis 2000. Nous sommes reçus par Monsieur Oraib Al Rantawi, fondateur et Directeur Général, et journaliste.

Les activités de l’institut sont autour de 3 pôles :
réformes politiques en Jordanie et dans les pays arabes : démocratie et transparence avec notamment la réforme électorale, la performance des représentants et la réforme des partis politiques, et le rôle des femmes et la formation de leaders en liaison avec les médias et mouvements féminins dans le cadre professionnel ;
lien entre politique et Islam : promotion des valeurs démocratiques et enrichissement du débat au sein des 15 pays arabes concernés au travers des élites ;
Israël – Palestine : la Jordanie assure un rôle de stabilité.

Le lien entre politique et business est un objectif ambitieux pour la Jordanie. En effet, ce pays ne présente aucune implication des entrepreneurs dans la vie politique, et les partis politiques n'y sont guère connus. Une plate-forme de dialogue réunissant partis politiques, gouvernement, entre-preneurs et université a été créée à l'initiative d'Al-Quds.

Un atelier a eu lieu sur le thème : « Quel modèle économi-que ? ». Les 7 pays participants, dont certains du Maghreb, ont abordé des thèmes comme le rôle des entreprises, l'efficacité des dernières réformes de l'économie, et le rôle des syndicats, encore négligeable à l'heure actuelle. Mais l’atelier n’a pas associé de PME qui assurent pourtant une part importante de l'activité de ces pays.

Al-Quds mise sur son indépendance et neutralité pour assurer sa crédibilité. Il s’appuie sur des ONG. 12 personnes y travaillent à temps plein. Mais l'équilibre financier est mal garanti à moyen terme. Du coup l’institut essaye de vendre ses services à l'université. Des financements sont recherchés auprès d’états comme l’Arabie Saoudite, la Norvège, la Suède, etc.

Al-Quds veut être un rempart contre l'islamisme et espère faire évoluer les mouvements islamistes vers une la démocratie, et faire respecter les minorités, en particulier les femmes.

La lutte contre la corruption est aussi un enjeu majeur. La corruption coûte 1 M$ par an en Jordanie, soit plus que l'aide que le pays reçoit des Etats-unis et de l’Europe. Elle impacte beaucoup la survie des PME par l’obtention de marchés. Les nouveaux régimes nés du printemps arabe résisteront-ils à la corruption ?

La prise de conscience et une certaine considération des femmes au travers des printemps arabes suscitent un grand espoir. Mais les nouveaux régimes où les islamistes sont puissants, comme en Tunisie, ne profiteront-ils pas de leurs pouvoirs pour promulguer des lois défavorables aux femmes, qui seraient ainsi les perdantes de cette révolution pour laquelle elles ont tant donné ?

Les autres leviers du changement sont les classes moyennes et le développement de médias indépendants des gouvernements. Al Jezirah est cité en exemple, ainsi que les réseaux sociaux : Internet, Twitter.

Au plan géopolitique, pour la Syrie, la récente concertation des forces de l'opposition tenue à Ankara aura une suite. Al-Quds en est un participant-organisateur actif. C'est un premier pas pour une opposition faible et divisée. L'évolution du pays est inéluctable, avec un risque d'éclatement.

En Arabie Saoudite les perversions sont le manque de liberté, les pétrodollars et le salafisme, financé et promu au plus haut niveau. Mais c'est néanmoins une nation régionale incontournable.

L’Occident est considéré comme donneur de leçons et ne cherchant qu’à satisfaire ses propres intérêts. Son double langage est désormais apprécié très négativement.

La Jordanie est entourée de pays à problèmes avec lesquels elle a trop de relations, que certains peuvent juger utile de ne pas changer. Elle est critiquée, n’a pas de pétrole et dépend fortement de l'aide nord-américaine. Il y a de nombreuses tentatives de déstabilisation du pays et des mouvements anti-démocratiques, financés entre autres par l'Arabie Saoudite.

La France a été appréciée au moment de son refus d'engagement en Irak. Sous la dernière présidence, son image a été fortement ternie par :
- un manque d'engagement au côté de la Palestine,
- un soutien trop marqué à Bachar El-Assad,
- son action en Lybie, malgré la nécessité d'éliminer le régime de Khadafi ; il est noté que la France avait reçu Khadafi en grande pompe pour signer des contrats, avant de se retourner contre lui pour des motifs que certains n’attribuent pas au domaine politique,
-son engagement en Afghanistan.
- la discrimination envers les arabes résidents en France.

Peu de changements sont attendus de François Hollande. Certains estiment que l’Occident est capable à tout moment de se retourner contre ses Alliés si ses intérêts le lui dictent.

Finalement Al-Quds et son Directeur Général se battent pour développer une plus grande démocratisation dans la vie de la Jordanie, en tenant compte de l'influence des pays voisins. Les objectifs semblent sincères et la volonté est présente, mais les moyens sont faibles. Des débuts de résultats sont perçus.

Il reste à pérenniser cela dans un environnement incertain, avec des influences négatives autour de la vie politique, la corruption, l'éveil des minorités, les intérêts de chaque pays du Moyen-Orient et les détenteurs actuels des pouvoirs, l'islamisation.
Patrick Schwartzmann (MP 1971)