MINI-MISSION A L'ETRANGER
, Decembre%202016
Le Costa Rica en 2016

Introduction, Ambassade de France A comme Armée C comme Contrepoint D comme Développement Durable E comme éducation - énergie - Environnement, Eau, électricité, Effractions G comme Gastronomie H comme Histoire S comme Stabilité politique T comme Tourisme, Trafic U comme Urubu





A comme armée
Il est Pacifique. Bien qu'il borde ici un noeud de conflits telluriques (l'ouragan Otto dont nous avons perçu les séquelles, les séismes, le volcanisme actif), cet océan-là nommé par ses premiers découvreurs européens augure d'un petit pays sans armée, le Costa Rica.

C'est en effet en 1948, à contre-courant d'un monde belliqueux (c'est l'année de l'assassinat de Gandhi), que José Figueres devient président de la junte fondatrice de la seconde République au lendemain d'une courte guerre civile. Tout en accordant le droit de vote aux femmes et aux noirs, il abolit l'institution militaire, décision sans précédent pour un état indépendant. Dans l'esprit de "Don Pepe", supprimer cette institution répond à une nécessité politique ; l'armée est divisée, l'éliminer permet d'éviter tout risque de renversement du pouvoir. Ceci dit, cette décision politicienne et conjoncturelle procède aussi d'un engagement visionnaire.

Des effets positifs à long terme

Les ressources consacrées à l'armée seront désormais redéployées vers la santé, l'éducation, la protection de l'environnement (tout ce qu'on appelle aujourd'hui le "bonheur national brut"). Tout cela avec un certain succès mesurable aujourd'hui, contrastant avec la situation moins favorable de ses voisins d'Amérique centrale :
- un taux d'alphabétisation de 96% (avec cependant des insuffisances dans les réserves indigènes);
- une couverture sociale généreuse et une médecine performante (beaucoup d'Américains du nord viennent se faire soigner);
- une protection de l'environnement consolidée par 26% du territoire en parcs naturels;
- un "indice de développement" qui place le Costa Rica au 48e rang mondial (Nicaragua 110, Guatemala 118).

D'autres pays sans armée

Le Costa Rica a fait un émule puisque, en partie sous l'influence du président costaricien Arias, le Panama voisin a décidé lui aussi de supprimer l'armée en 1994. Le Costa Rica fait ainsi de la paix une image de marque, en abritant à San José le siège de la Cour interaméricaine des droits de l'homme, ainsi que l'Université pour la paix gérée par l'ONU. En fait, Costa Rica et Panama ne sont pas les seuls pays sans armée. Il en existe une trentaine, la plupart de petite taille et bénéficiant d'accords de défense avec des pays tiers (l'Islande avec l'OTAN, la Micronésie avec les Etats unis).

Mais que fait le Costa Rica s'il est attaqué ?

Il appartient à l'Organisation des Etats d'Amérique et recevrait l'appui d'autres membres (les EU et le Brésil notamment) en cas de besoin. Le Costa Rica a d'ailleurs vu son intégrité territoriale menacée, de 2010 à 2013, par le Nicaragua qui a envahi la petite ile stratégique de Calero. Il s'est alors appuyé sur le soutien américain et le droit international pour régler ce différend, et l'intervention de la Cour Internationale de Justice a fait reculer le Nicaragua.

Mais que fait le Costa Rica pour assurer sa sécurité intérieure ?

Le Costa Rica n'a pas d'armée, mais entretient une "Force publique" de maintien de l'ordre avec 14000 policiers (1 pour 360 habitants, contre 1 pour 460 en France), dont les effectifs croissent régulièrement. Le pays doit en effet faire face aux nouveaux défis du narco-trafic et de la violence importée, en investissant 2% de son PNB dans le domaine de la sécurité. Pour schématiser, la "démocratie verte" n'a pas d'armée, mais n'est pas désarmée pour autant...
Michel Barrot (MS 1991)