MINI-MISSION A L'ETRANGER
, Decembre%202016
Le Costa Rica en 2016

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S comme stabilité politique
Le domaine dans lequel la singularité du Costa Rica en Amérique latine s’exprime le plus franchement est sa stabilité politique. Dans une région du monde minée par les guérillas et les coups d’Etat, le pays bénéficie depuis 1949 d’une stabilité institutionnelle, avec une Constitution inchangée, véritablement démocratique et autorisant des alternances politiques régulières entre socio-démocrates et démocrates chrétiens. Le pays a construit son image à l’étranger sur son pacifisme revendiqué et identitaire : du « premier pays sans armée » à « la Suisse de l’Amérique centrale », fier de son Président prix Nobel de la paix en 1987 et de l’ancienne caserne de la capitale transformée en musée. Il n’a connu aucun mouvement de guérilla ni de violence organisée depuis 70 ans.

Il est tentant de rechercher l’origine de cette « exception costaricienne » dans sa construction historique. Malgré son nom, le Costa Rica est vite perçu comme une colonie pauvre et oubliée qui intéresse peu la couronne espagnole : les ressources naturelles y sont rares et la géographie (une combinaison de hautes montagnes et de forêts impénétrables) rend l’occupation difficile. Elle n’apprendra elle-même son indépendance en 1821 qu’un mois après sa proclamation. Ainsi le « récit national » tel qu’aiment le propager les Costaricains retrace l’histoire de ces colons qui labouraient eux-mêmes leurs terres du Valle central, sans main d’œuvre, préfigurant un esprit égalitaire et autarcique unique en Amérique latine, continent de l’inégalité et des grandes exploitations. Egalité sociale qui se double d’une homogénéité ethnique particulière en Amérique centrale, les Indiens survivants s’étant réfugiés dans la cordillère Talamanca, que ses forêts denses et ses sommets à 3000 / 3500 m ont longtemps préservée de la conquête. Les Costaricains aiment ainsi à expliquer la spécificité de leur société, fondée sur une classe moyenne forte, « européanisée » (90% d’habitants d’origine européenne ou métis) et de leur système politique stable.

Cette obsession collective de la stabilité, qui doit préserver le pays des maux affligeant ses voisins, n’est pas sans inconvénient. Ainsi que nous l’a expliqué l’Ambassadeur de France, la tradition politique des contre-pouvoirs (sur le modèle du « check and balance » aux Etats-Unis), l’impossibilité pour un Président de faire deux mandats de quatre ans consécutifs, instituée par crainte des dérives autoritaires ainsi qu’une assemblée structurée davantage par des relations interpersonnelles que par la discipline des partis, tous ces facteurs tendent à paralyser la prise de décision.

Les limites du paradigme de la « stabilité politique » costaricien semblent atteintes lorsque son adhésion prévue à l’OCDE se voit différée du fait de l’absence de certaines réformes clés (réforme fiscale). De même, le Président Solis élu en 2014 sur un programme de développement des infrastructures, n’a toujours pas pu traduire ses promesses en actes sur ce point. La paralysie de la circulation dans la capitale fait partie de l’expérience incontournable de tout visiteur au Costa Rica : la mission Pangloss n’a certainement pas fait exception.
Pierre Hilbrandt (MP 2011)