MINI-MISSION A L'ETRANGER
Costa%20Rica, Decembre%202016
Le Costa Rica en 2016

Introduction, Ambassade de France A comme Armée C comme Contrepoint D comme Développement Durable E comme éducation - énergie - Environnement, Eau, électricité, Effractions G comme Gastronomie H comme Histoire S comme Stabilité politique T comme Tourisme, Trafic U comme Urubu





U comme Urubu
L’urubu est un petit vautour au plumage noir assez répandu au Costa Rica, facilement visible (y compris au petit matin dans le parc de l’hôtel où résidait la mission Pangloss). Apparenté au condor, il se nourrit de charognes et d’immondices, ainsi il contribue à nettoyer les villes, où il s’est bien acclimaté.

Il peut paraître étonnant de retenir un charognard assez peu esthétique comme témoignage d’une mission dans un pays réputé pour la diversité de ses oiseaux rares et colorés, dont le repérage est une part incontournable d’un voyage dans la région. C’est que l’urubu était l’oiseau sacré des Amérindiens : comme chez les Mayas dont la civilisation est proche, il est un messager spirituel qui symbolise la dualité ciel-terre. Se nourrissant de déchets organiques et animaux, il est symboliquement un agent régénérateur des forces vitales, transmutant la mort en vie nouvelle et assurant le renouveau du cycle vital.

La présence amérindienne constitue une sorte de point aveugle de l’expérience costaricienne. Très peu nombreux (à peine 70.000 répartis en 8 groupes ethniques) contrairement aux autres pays centre-américains, la moitié vivent dans des réserves et voient leur culture et leur langue fortement menacées. Leur visibilité touristique se limite aux deux superbes musées de San José, celui de l’or et celui du jade, où sont exposées des milliers de figurines anthropomorphes et animalières d’une grande finesse. Ils sont pourtant les continuateurs de grandes civilisations. Les Huetar notamment ont vécu dans de véritables cités (la « cité perdue » de Guayabo abandonnée en 1400 dont les ruines peuvent toujours être visitées). Ils sont à l’origine d’un des grands mystères de l’archéologie mondiale : les « bolas », sphères en pierre presque parfaites découvertes par centaines dans les tombes et les villages antiques, uniques au monde et dont la technique de construction demeure inconnue. On les retrouve aujourd’hui jusque dans les jardins de grandes propriétés privées.

L’appellation « Costa Rica » est, dans le malentendu qu’elle exprime, cruciale dans la construction de l’identité du pays : les premières rencontres des navigateurs espagnols avec les Amérindiens, richement pourvus en objets en or et en jade, leur ont donné l’impression d’une « côte riche ». Le Costa Rica s’est au contraire révélé être une colonie pauvre, avec peu de ressources naturelles exploitables (les richesses perçues par les Espagnols étaient probablement issues du commerce), qui est restée longtemps isolée, développant ainsi une identité particulière, unique en Amérique centrale. La rencontre brutale et ambiguë entre deux mondes, européen et amérindien, est comme dans le reste de l’Amérique une des clés de compréhension du pays.
Pierre Hilbrandt (MP 2011)