SIGNATURES PANGLOSSIENNES2

avec

Roger MOIROUD (MP1979), Lucien SABAH (MP1978) et Michel VALLANCE (MP1982)

Mardi 4 décembre 2007

" Crime à Saint-Inn
Une police politique de Vichy: le Service des Sociétés Secrètes & Journal de G. de Roussel, 1940-1944, Un agent de la Bibliothèque Nationale et de la Gestapo
Faune sauvage de France : Biologie Habitats et Gestion "
 
Roger Moiroud a connu un parcours professionnel atypique : après cinq ans d’enseignement de la philosophie dans un lycée de province, il part vivre à Paris où il travaille dans une grande compagnie d’assurances. Directeur de la qualité, il publie Le Cri du client, témoignage de la démarche qualité mise en œuvre dans l’entreprise. La retraite venue, il vient s’installer dans sa province natale, la Savoie. Grand lecteur depuis toujours, avec une certaine prédilec-tion pour la littérature policière, il se lance dans une troisième carrière, l’écriture de romans policiers.


"Crime à Saint-Inn""
Résumé
Lucien Sabah est docteur d'état en histoire, docteur en Islamologie et diplômé des Langues Orientales (Maghrébin). Attaché d'administration au Ministère de l'Intérieur, il est aussi conseiller municipal de Senlis (Oise), et a publié entre autres ouvrages : La Franc-Maçonnerie à Oran 1832-1914 (thèse de doctorat d'Etat, Paris, 1990), Une police politique de Vichy : le Service des Sociétés Secrètes (Paris, 1996), Journal de Gueydan « de » Roussel, 1940-1944, Un agent de la Bibliothèque Nationale et de la Gestapo (Paris, 2000, cet ouvrage complétant le précédent). Il a aussi contribué au Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Paris, 1989), sous la direction de Daniel Ligou, et à l'Histoire du ministère de l'Intérieur (Paris, 1993), sous le parrainage de l'association du Corps préfectoral.

"Une police politique de Vichy: le Service des Sociétés Secrètes" & "Journal de G. de Roussel, 1940-1944, Un agent de la Bibliothèque Nationale et de la Gestapo"
Résumé
Michel Vallance est normalien, Ingénieur en Chef du Génie Rural des Eaux et Forêts, et directeur scientifique de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Il est chargé au sein de cet Etablissement Public affilié au Ministère de l’Ecologie, de coordonner et superviser les recherches sur les espèces de mammifères et d’oiseaux, principalement celles concernées par la chasse, mais aussi, sur leurs habitats et leurs interactions avec les activités humaines : chasse, tourisme, élevage, agriculture, forêts, …. Il a occupé auparavant différents postes (Outre-Mer et métropole) au sein de l’Office National des Forêts, toujours au contact des réalités de terrain et des préoccupations biologiques et environnementales.

""Faune sauvage de France : Biologie Habitats et Gestion"
Résumé


Temps des Cerises, Paris 12

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Compte-rendu

La seconde édition des signatures panglossiennes rencontre un franc succès, à l’instar des premières de février 2003. Ce soir, nous avons la chance de rencontrer trois écrivains panglossiens publiés, qui nous présentent leurs ouvrages, dont le point commun est d’être réalisés sous forme d’enquêtes, mais dans des domaines variés : l’un est un roman policier, le second est présenté sous forme de thèse universitaire historique, et le troisième est un rapport sur la faune sauvage en France.

1. Roger MOIROUD : " Crime à Saint-Inn " aux Editions Thot.

Saint Inn est l’abréviation de Brison-Saint-Innocent, un village savoyard au bord du lac du Bourget.
Vous ne le savez peut-être pas mais le lac du Bourget est le plus vaste lac naturel de France, 18 km de long, du nord au sud, 1,6 à 3,5 km de largeur et une profondeur qui atteint 145 m. La région est bénie des dieux, douce, abritée du vent. Même les oliviers y poussent. On la surnomme la Nice savoyarde.

Mais, un jour, le commissaire Féra aperçoit un cadavre flottant sur les eaux calmes de ce lac. C’est ainsi que débute l’enquête policière de « Crime à Saint-Inn ».

« L’écriture, nous explique Roger, m’a conduit à bâtir un puzzle à partir de cette découverte. La suite de l’histoire s’est construite au fur et à mesure de l’écriture. »

Dans la phase d’écriture, de neuf mois environ, l’intrigue poursuit son auteur, partout, à tout instant. C’est une idée, qu’il faut noter, une piste qu’il faut inscrire. Le récit doit s’appuyer, selon Roger, sur des éléments crédibles.

Le projet étonnant d’une centrale nucléaire au bord du lac, il en a fait vérifier la validité technique par un expert d'EDF, panglossien en l’occurrence, Alain Genel.
br> Il a aussi rencontré la vraie commissaire de police d’Aix les Bains qui a bien voulu relire le manuscrit et lui suggérer des corrections au niveau du respect des procédures juridiques et pénales.

Une fois ce travail de bénédictin achevé, « le plus dur fut de trouver un éditeur, si possible en Rhône Alpes ». Ce fut finalement un éditeur grenoblois qui accepta le manuscrit. « Crime à Saint Inn » a été retenu dans la sélection des livres du festival du Premier Roman 2008 de Chambéry. Il peut être commandé dans toutes les librairies ainsi que sur les sites habituels du net.

Hervé Deperrois nous invite à la lecture de cet ouvrage « très bien écrit, très crédible, un livre dans l’ère du temps, qui s’inscrit dans les débats actuels ».

2. Lucien SABAH : " Une police politique de Vichy - le Service des Sociétés Secrètes "

Lucien Sabah nous dévoile ses recherches sur le rôle de la franc-maçonnerie pendant la guerre entre 1940 et 44. Il s’était déjà intéressé au rôle de la franc-maçonnerie en Algérie.

Après sa thèse d'Etat sur la franc-maçonnerie à Oran, Lucien a poursuivi ses recherches et ses trois ouvrages universitaires forment un tout. Il est également l’auteur d’un ouvrage sur la Synarchie.

Pendant la guerre, la franc-maçonnerie est en ligne de mire de la police de Vichy, comme les juifs, les communistes et les résistants. Pétain, avec son double jeu, a trompé les Français, nous dit Lucien. Il a entraîné le pays dans son sillage jusqu’aux ravages que l’on connaît. En servant l’occupant, il a desservi la défense de la France et détruit une partie de l’âme française. Il cite l’exemple d’Huntziger qui – en 1939 - avait abandonné les fortifications face aux Allemands. On ne nous dit pas tout sur cette période.

Ainsi, F. Mitterrand a joué un rôle qu’il a essayé de masquer et a été soutenu par d’anciens pétainistes. Par ailleurs, les liens personnels entre plusieurs membres de la Cagoule et la famille Mitterrand sont avérés.

Le général Giraud participe à la fondation de la Cagoule militaire, issue de l’Action Française. Il est arrêté par les Allemands et s’évade avec l’appui du deuxième bureau. Début 1945, il envoie une émissaire négocier avec la Gestapo pour créer des Maquis « gris » afin de lutter contre le rétablissement de la démocratie en France ! Schueller, beau-père de Bettancourt, était le financier de la Cagoule. Michel de Camaret, membre de la cagoule, secrétaire de Méténier – un des responsables du C.I.E (Centre d’Information et d’Etudes, police politique de Vichy) -, voulant se mettre à la disposition de la Gestapo, est poursuivi pour le meurtre du jeune Gazelle au Cendre (village près de Clermont-Ferrand). Il collabore puis deviendra cadre du Front National. Le cousin du Maréchal Leclerc était dans la Milice. Quant au lieutenant-colonel de Lattre de Tassigny, de l’état-major du général Weygand, il était l’agent de liaison du ministre de l’Intérieur, Frot, avec l’Action Française le 6 février 1934 ! Un autre ancien de la Cagoule, Jean Filliol, impliqué dans le massacre d'Oradour sur Glane, mènera une carrière honorable chez L'Oréal-Espagne, après la guerre….

Finalement, la République dut au comte François de La Rocque de Severac (1885-1946) d’être sauvée. En effet, le 6 février 1934, les Croix-de-Feu du colonel de la Rocque obliquent de route pour ne pas attaquer le Palais-Bourbon. Militaire (lieutenant-colonel), président des Croix-de-Feu issu des anciens combattants de la Grande Guerre, puis du parti social français, premier parti de masse de la droite française, il entra en résistance et fonda un réseau. Arrêté, déporté, il s’était opposé à l’occupation allemande. Selon son biographe, M. Bourdrel, il aurait appartenu à la franc-maçonnerie. La Cagoule a donné naissance aux polices parallèles de Vichy.

L’ouvrage de Lucien fait près de 1 500 pages et comme il le dit lui-même : « il faut être fou pour le lire ». C’est davantage un ouvrage de référence pour chercheurs et historiens que pour le lecteur de gare…

3. Michel VALLANCE : " Faune sauvage de France : Biologie Habitats et Gestion "

Michel Vallance, Directeur des Etudes et de la Recherche de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), présente l’ouvrage publié par l’ONCFS sous sa direction.

Reprenant une formule célèbre, il pense que cet ouvrage présente l’avantage « du poids des mots et du choc des photos ». C’est donc une invitation supplémentaire à découvrir la nature à travers sa grande faune, à savoir les mammifères d’un poids supérieur à 1 kg et les oiseaux dont la taille est supérieure à celle de la grive, donc près de cent espèces.

L’ONCFS est un établissement public national à caractère administratif, sous la double tutelle des ministères chargés de la chasse et de l’agriculture. Implanté dans tous les départements métropolitains et d’outre-mer, il contribue à la définition, à la mise en œuvre et au contrôle des mesures de gestion, en particulier par la chasse, destinées à préserver la faune sauvage et ses habitats et compatibles avec les autres activités humaines.

Il réalise des études scientifiques, des expérimentations, captures, marquages, pose de colliers émetteurs, etc. Ces pratiques ont pour finalité l’acquisition de connaissances en biologie, et sur le comportement et les fluctuations d’effectifs des animaux.

La nature n’est pas un zoo mais un ensemble de paysages

Ces paysages sont aménagés, gérés et créés par les activités humaines. La découverte des espèces se réalise à travers huit grands écosystèmes : les plaines agricoles, la forêt, la montagne, le littoral, les marais et les zones humides, les cours d’eau et les plans d’eau, le bocage, et la zone méditerranéenne.

Les habitats de la faune sauvage présentent la particularité d’une répartition des espèces qui ne procède pas du hasard. Loin de là !

L’observation de nombreuses espèces de faune nécessite plusieurs conditions. Certaines concernent l’observateur, qui doit : se lever tôt, être discret, silencieux, et savoir être patient. D’autres, comme l’explique l’ouvrage, concernent la faune elle-même. Pour l’observer, il faut : qu’elle soit présente (ce qui implique des conditions de tranquillité et de sécurité), qu’elle puisse survivre (ce qui nécessite la satisfaction des besoins en alimentation), qu’elle puisse se reproduire (ce qui impose, en outre, la nécessité de pouvoir échapper aux prédateurs, et plus particulièrement les prédateurs des nichées, carnivores, corvidés, rapaces, chats et chiens, et aux destructions accidentelles, machines agricoles, collisions). Ces conditions étant cumulatives, elles sont très restrictives dans des espaces artificiels ou très perturbés par l’homme.

Les « niches » sont étroites. Pour assurer l’avenir d’une faune sauvage nombreuse et variée il faut respecter un certain nombre de précautions dans l’aménagement et la gestion de l’espace.

Il est nécessaire de réaliser, pour certaines espèces, de véritables programmes de restauration de leur cadre de vie qui sont basés sur les connaissances acquises : de la biologie, des exigences alimentaires, du domaine vital, des sites de reproduction, et des rapports proies/prédateurs.

Description de quelques espèces

Des espèces ont un destin commun, ou bien très différent de l’une à l’autre. Certaines s’invitent en nombre, en dépit de l’absence de soins qu’on leur porte. Elles bénéficient du relâchement de la pression rurale. Les années 1960 marquent un tournant historique de la France rurale.

Ces espèces prolifiques, peuvent être rapidement présentées. On distingue :
- les noires : le loup, le corbeau freux, la corneille noire, le cormoran (on comptait quelques milliers d’individus avant 1970, essentiellement sur les côtes normandes ; aujourd’hui, pas un plan d’eau ou cours d’eau, qui, en hiver, ne soit à portée de cormoran), le héron cendré (protégé depuis 1974), le sanglier ;
- les fauves : la fouine, le ragondin, le renard, le rat musqué, le chevreuil. Ils bénéficient de l’abandon des empoisonnements systématiques ;
- les blanches : le cygne, la tourterelle turque (sa première apparition date de 1950 ; en 1975, elle est commune dans le Nord de la France ; depuis 1985, elle est partout).

Presque toutes ces espèces ont un habitat périurbain ou antropophile.

Le cas du raton laveur est atypique. Son extension est liée au départ des troupes américaines en 1966.

A l’inverse, d’autres espèces ont suscité des efforts considérables de restauration pour des résultats qui ne sont pas encore garantis.

Citons-en quelques représentants :
- le plus petit est le grand hamster (hamster géant d’Alsace (100 à 500 g !). Son déclin est rapide depuis les années 1960. On compte moins de 1000 individus répartis sur quelques dizaines de communes ;
- le plus gros est l’ours brun. Dans les Alpes du Nord françaises, le dernier s’est éteint en 1940. On comptait, en 1995, avant réintroduction, encore 5 individus dans les Pyrénées. La dernière femelle s’est éteinte en 2006. Grâce à deux plans de réintroduction (1996 et 2006), la population ursine s’élève actuellement à 20 individus ;
- le plus courant est le lapin qui n’est favorisé ni par l’agriculture intensive ni par l’abandon agricole. Il vit dans les espaces agricoles traditionnels. La myxomatose a beaucoup fragilisé les populations chassées, ce qui préoccupe beaucoup les sociétés de chasse ;
- le plus discret est le râle des genêts. Il est menacé par la mécanisation des systèmes de récolte, malgré les tentatives de mise en place de « parcelles refuges » et de fauche centrifuge.

Toutes ces espèces sont en grande difficulté, à cause de l’industrialisation de l’agriculture, des transports, du tourisme.

Pour terminer, une note d’espoir :
- la marmotte : de nombreuses réintroductions (toutes réussies) ont été réalisées dans la deuxième moitié du XXème siècle ;
- le castor : en 1909, on comptait quelques dizaines d’individus. Depuis 1909, il a le statut d’espèce intégralement protégée. Aujourd’hui, il est présent dans quarante-et-un départements. On compte plus de dix mille individus ;
- le cerf et le chamois : leurs populations étaient au plus bas à la fin de la deuxième guerre mondiale. La création de réserves, de parcs nationaux, l’existence de grands massifs forestiers, la création de plans de chasse instaurant des quotas de tir, par sexe et par âge, et l’aménagement de passages sur les autoroutes et les lignes de TGV ont favorisé la réussite de nombreuses réintroductions.
André Chauvin (MS 1992) et Pierre-Yves Landouer (MP 1984)