DINER-DEBATavecMadame Geneviève DELAISI DE PARSEVALPsychanalyste
Vendredi 25 avril 2003 " Bioéthique : entre clonage et autres délires génétiques, peut-on ignorer les réalités de la parentalité " |
Née en 1940. Après des études de psychologie, sociologie, ethnologie, linguistique, archéologie préhistorique, de droit et d'économie politique (Paris, Sorbonne, Musée de l'Homme, Faculté de Droit Paris I) et d'anthropologie culturelle et sociale (USA, Université du Kansas et de Berkeley, boursière Fulbright), Geneviève Delaisi de Parseval est devenue psychanalyste. Elle s'est attachée dans ses travaux à situer la psychanalyse dans sa relation avec les autres disciplines étudiées au cours de son cursus.
Spécialiste de bioéthique et plus particulièrement du thème de la filiation, elle a été psychanalyste dans l'équipe de gynécologie-obstétrique de l'Hôpital Saint-Antoine (dirigée par le Pr J. Milliez). Membre associée des principaux centres d'éthique biomédicale dans le monde, elle fait partie des quelques rares experts qui s’expriment ouvertement sur la bioéthique, et sur ses dérives, notamment sur le clonage thérapeutique ou reproductif. Elle fait partie de ceux qui interpellent le législateur sur les limites de la loi bioéthique au regard de la parentalité.
Les lois de bioéthique, en cours de discussion à l’Assemblée Nationale, touchent des sujets qui sont au confluent de l’éthique, du médical, de l’économique, mais aussi du philosophique, du psychanalytique et de l’humain. Le projet de loi actuel autorise les scientifiques à faire de la recherche sur les embryons humains et interdit le clonage, qu’il soit à visée reproductive – dans ce cas, il est même qualifié de " crime contre l’humanité " – ou thérapeutique. Ces questions touchent à l’origine même de la vie, et pourtant ce projet de loi s’est fait sans (ou presque) aucun débat de citoyen, comme si ces questions étaient réservées aux scientifiques, aux juristes, aux laboratoires de recherche, ou (pire ?) aux politiques.
Ainsi, on serait légitimé à se demander où commence la vie ? Dès la conception, comme le suggèrent les religieux, à la fin des divisions de l’oeuf, comme le proposent les américains, où lorsque l’enfant est né, comme semblent le suggérer nos législateurs ? Et faut-il autoriser le clonage, même à visée thérapeutique, ou est-ce un faux espoir pour les malades ? Quels sont, en définitive, les dangers que l’on court en manipulant le génétique, terme qui fait tant fantasmer ? A la peur de l’eugénisme, sans cesse agitée par les détracteurs de l’Assistance Médicale à la Procréation, faut-il opposer les souffrances des couples infertiles (7 % des couples en âge de procréer ne trouvent pas de réponse sans le recours à l’AMP) ?
Et l’humain, dans tout ça, ? Faut-il donner la parole aux citoyens, - à nous tous - , ou bien estime-t-on, comme certains scientifiques ou laboratoires de recherche, que cela ne ferait que compliquer le débat ?
Biblio: L'art d'accomoder les bébés - Cent ans de recettes françaises de puériculture (Seuil), La part de la mère (Odile Jacob), Enfant de personne (Odile Jacob, 1994), La part du père (Seuil), L'enfant à tout prix - Essai sur la médicalisation du lien de filiation (Seuil), Le roman familial d'Isadora D (Odile Jacob, 2002), Les sexes et l'homme (Seuil), L'objectif bébé, Des parents de même sexe E. Dubreuil & G. Delaisi de Parseval.
http://genevieve.delaisi.free.fr
Cercle Militaire, Paris 8
Spécialiste de bioéthique et plus particulièrement du thème de la filiation, elle a été psychanalyste dans l'équipe de gynécologie-obstétrique de l'Hôpital Saint-Antoine (dirigée par le Pr J. Milliez). Membre associée des principaux centres d'éthique biomédicale dans le monde, elle fait partie des quelques rares experts qui s’expriment ouvertement sur la bioéthique, et sur ses dérives, notamment sur le clonage thérapeutique ou reproductif. Elle fait partie de ceux qui interpellent le législateur sur les limites de la loi bioéthique au regard de la parentalité.
Les lois de bioéthique, en cours de discussion à l’Assemblée Nationale, touchent des sujets qui sont au confluent de l’éthique, du médical, de l’économique, mais aussi du philosophique, du psychanalytique et de l’humain. Le projet de loi actuel autorise les scientifiques à faire de la recherche sur les embryons humains et interdit le clonage, qu’il soit à visée reproductive – dans ce cas, il est même qualifié de " crime contre l’humanité " – ou thérapeutique. Ces questions touchent à l’origine même de la vie, et pourtant ce projet de loi s’est fait sans (ou presque) aucun débat de citoyen, comme si ces questions étaient réservées aux scientifiques, aux juristes, aux laboratoires de recherche, ou (pire ?) aux politiques.
Ainsi, on serait légitimé à se demander où commence la vie ? Dès la conception, comme le suggèrent les religieux, à la fin des divisions de l’oeuf, comme le proposent les américains, où lorsque l’enfant est né, comme semblent le suggérer nos législateurs ? Et faut-il autoriser le clonage, même à visée thérapeutique, ou est-ce un faux espoir pour les malades ? Quels sont, en définitive, les dangers que l’on court en manipulant le génétique, terme qui fait tant fantasmer ? A la peur de l’eugénisme, sans cesse agitée par les détracteurs de l’Assistance Médicale à la Procréation, faut-il opposer les souffrances des couples infertiles (7 % des couples en âge de procréer ne trouvent pas de réponse sans le recours à l’AMP) ?
Et l’humain, dans tout ça, ? Faut-il donner la parole aux citoyens, - à nous tous - , ou bien estime-t-on, comme certains scientifiques ou laboratoires de recherche, que cela ne ferait que compliquer le débat ?
Biblio: L'art d'accomoder les bébés - Cent ans de recettes françaises de puériculture (Seuil), La part de la mère (Odile Jacob), Enfant de personne (Odile Jacob, 1994), La part du père (Seuil), L'enfant à tout prix - Essai sur la médicalisation du lien de filiation (Seuil), Le roman familial d'Isadora D (Odile Jacob, 2002), Les sexes et l'homme (Seuil), L'objectif bébé, Des parents de même sexe E. Dubreuil & G. Delaisi de Parseval.
http://genevieve.delaisi.free.fr
Cercle Militaire, Paris 8