DINER-DEBAT

avec

Monsieur Sribhumi SUKHANETR

Président du groupe UCOM, ancien Ministre des Télécommunications de Thaïlande
21 mars 1995
" Télécommunications et développement "
 
Monsieur Sribhumi Sukhanetr est en outre président de l’association des télécommunications de I’ASEAN. Son intervention a pour but d’attirer l’attention sur les perspectives offertes par le développement économique de la Thaïlande, notamment dans le domaine des télécommunications.


Hotel Hilton, Paris 7

Compte-rendu

La Thaïlande connaît une croissance économique d’environ 8% par an. Le marché des télécommunications est en plein développement. Il est exploité par deux concessionnaires publics : la Telephone Organization of Thailand (TOT) pour le marché domestique et la Communication Authority of Thailand (CAT), pour l’international. Deux importants groupes privés interviennent également dans le domaine des télécommunications mobiles : le Groupe Shinawatra, qui a obtenu une concession de la TOT, et le groupe UCOM (United Communications - 2500 personnes, 2 Mds F de chiffre d’affaires) qui opère avec un système AMPS 800 dans le cadre d’une concession accordée par la CAT. Les deux groupes concurrencent ainsi l’opérateur national TOT qui exploite déjà un système de communications mobiles. Les communications mobiles ont véritablement explosé en Thaïlande, où l’on prévoit un million d’abonnés fin 1995 et 4 millions dans 5 ans.

Concernant le groupe UCOM, un projet serait actuellement en cours de négociation, afin que le versement effectif de la redevance qu’il verse à l’Etat n’ait plus lieu mais soit capitalisé : l’Etat thaïlandais deviendrait ainsi actionnaire du groupe privé UCOM. Un MOU devrait être très prochainement signé.

Dans le cadre de ses activités, UCOM a pris une participation de 5% (80 millions de dollars) dans le projet IRIDIUM, piloté par MOTOROLA, visant à créer un réseau mondial de télécommunications par le lancement de 66 satellites à orbite basse. Le projet IRIDIUM a un coût total de 3 milliards de dollars, 50% devant être financés par apport de fonds propres. Le service devrait être disponible en Thaïlande en 1998, bien que la prochaine conférence mondiale des télécommunications de Genève n’ait pas prévu de régler, au niveau mondial, l’ensemble des problèmes relatifs à l’allocation de fréquences. UCOM espère devenir, dans le cadre d’accords bilatéraux avec les pays voisins, le service provider de toute la zone économique environnante (un accord bilatéral aurait été signé avec la Malaisie, négociations en cours avec le Vietnam) pour laquelle la Thaïlande aspire à devenir un véritable hub.

Le coût d’une communication sur IRIDIUM serait d’environ 3,50 dollars la minute, quelle que soit la distance. Quatre à cinq ans après sa mise en service, le service ne devrait cependant pas avoir plus de 50 000 abonnés en Thaïlande. UCOM espérerait néanmoins un taux de retour sur investissement de 30%.

En ce qui concerne plus généralement le marché thaïlandais des télécommunications, il convient de souligner qu’au cours des quatre dernières années, 4 millions de nouvelles lignes téléphoniques ont été construites par la TOT dans le cadre d’un BTO - Build, Transfer and Operate. Un programme portant sur la construction de 6 millions de lignes supplémentaires débutera en 1996. A la fin du projet, la densité téléphonique en Thaïlande s’élèvera à 20 lignes pour 100 habitants (France 52). Fin 1996, la Thaïlande disposera de quatre satellites de télécommunications.

Quelles sont les conditions d’une implantation réussie en Thaïlande ?
Pour répondre à un appel d’offres, il est absolument nécessaire d’avoir un partenaire local (la loi thaïlandaise interdit d’ailleurs toute prise de participation supérieure à 49%). D’une façon générale, il est reproché aux entreprises étrangères de ne pas respecter le cahier des charges et de ne pas adapter leur offre (cause de l’échec de France Télécom en 1992 pour le BTO - BOT banlieue de Bangkok ?). Par ailleurs, la Thaïlande ne cherche plus à attirer les investisseurs étrangers ne visant qu'à installer de simples usines de montage/assemblage. Dans le domaine des télécommunications, il deviendra de plus en plus nécessaire de développer une réelle production d’équipements, intégrant un aspect recherche et développement. Il convient également de noter que, selon la loi thaïlandaise les infrastructures (notamment des télécommunications) appartiennent à l’État et que les développements de réseaux se font donc dans le cadre de concessions.
Xavier Delvart (MP 1993)