MINI-MISSION/VISITE EN FRANCE
Millau, Juin 2004
Viaduc de Millau

Accueil J. Godfrain, Maire de Millau Dîner-débat M. Legrand, Directeur CEVM Visite du viaduc Visites millavoises Inauguration



photo n°1 - 2004juin_5 photo n°2 - 2004juin_5 photo n°3 - 2004juin_5 photo n°4 - 2004juin_5 photo n°5 - 2004juin_5 photo n°6 - 2004juin_5 photo n°7 - 2004juin_5 photo n°8 - 2004juin_5 photo n°9 - 2004juin_5 photo n°10 - 2004juin_5 photo n°11 - 2004juin_5 photo n°12 - 2004juin_5 photo n°13 - 2004juin_5 photo n°14 - 2004juin_5 photo n°15 - 2004juin_5 photo n°16 - 2004juin_5 photo n°17 - 2004juin_5 photo n°18 - 2004juin_5 Photos T. Courtiol   (pour agrandir une photo cliquer dessus)


Impressions millavoises
1. Première impression forte : la route a encore du chemin à faire

Notre marge confortable avait donc fondu comme neige parisienne au soleil méditerranéen, et il nous fallu donc malmener un peu le champignon vénéneux de la vitesse pour respecter notre principe de ponctualité. Ainsi, rivés à nos montres, nous enchaînâmes prestement les virages pour rejoindre notre rendez-vous avec le seigneur local, député-maire de Millau, qu’il eut été mal venu de faire patienter.

2. Deuxième impression : la quiétude provinciale de Creissels

Après cette phase routière, nous arrivâmes enfin dans la charmante propriété du Château de Creissels, fleurant bon la maison de vacances de famille….

A deux pas de Millau, la propriété domine la vallée du Tarn, du haut de sa colline et de ses neuf siècles d’existence : plaisir de l’ombrage du petit parc du château, plaisir du crissement des pneus sur le gravier du chemin…enfin, nous allons pouvoir nous poser…

Nous retrouvons sur place le député-maire J. Godfrain ainsi que l’équipe dirigeante du chantier qui nous fera l’honneur de nous consacrer sa soirée (et une bonne partie des deux jours suivants) à nous narrer l’extraordinaire aventure régionale et technologique du viaduc de Millau.

Nous profitons de la vue sur la vallée, marquée sur son horizon ouest par une vue sur le fameux objet de la mini-mission…en fin de compte, pas si impressionnant que cela, vu de loin, un mince fil suspendu en l’air sur des pylônes, et rejoignant les deux rives du très large canyon du Tarn à cet endroit, ..l’environnement est donc respecté…

Les propos de J. Godfrain, en toute simplicité devant l’entrée du château, et agrémenté d’une coupe de champagne, fût une belle entrée en matière : tout empreint d’humilité et de passion, J. Godfrain nous donna un générique de film très touchant et alléchant…Puis, vint le dîner-débat avec l’équipe d’Eiffage, passionnant, dans une des caves du château, avec un dîner qui fit honneur à la grande tradition culinaire locale.

3. Troisième impression : les charmes bucoliques de la province

Le lendemain matin, levé tôt comme à l’accoutumée peu avant six heures, je profitai du petit jour pour découvrir les lieux à travers une petite promenade pédestre d’une heure et demie dans le coin…. Après un passage dans les vieilles ruelles et petites arches de pierre du vieux village, j’eus le bonheur de suivre un petit ruisseau qui me conduisit très rapidement en pleine campagne. Dès l’orée du village, le jour levant réveillait les odeurs suaves du foin d’un pré fraîchement fauché, puis le ruisseau filait tranquillement vers un cirque cerné de grandes falaises de calcaire doré, dans un léger gargouillis et de belles percées du soleil sur les pierres et les petites cascades…Là, je continuai la promenade sur un autre petit sentier, avec une belle montée, qui m’éloigna vraiment du village et m’offrit une vue panoramique magnifique sur la vallée du Tarn depuis les hauteurs du cirque… Je redescendis en longeant de très belles cascades, les falaises de calcaire creusées de grottes impressionnantes… pour retrouver le château de Creissels et m’y restaurer avec les autres panglossiens autour d’un bon petit déjeuner servi dans la grande salle du rez-de-chaussée… La journée commençait donc à merveille, m’ayant déjà offert tant en si peu de temps. Je convainquis mon camarade de chambrée, Michel, de partager le lendemain matin le plaisir de cette promenade… hélas, le spectacle ne fût pas au rendez-vous car un épais brouillard matinal nous masqua tout, mais peu importe, il resta le plaisir de la marche..

4. Quatrième impression : la haute technologie du viaduc de Millau

Le lendemain matin, nous nous rendîmes enfin sur le site du viaduc de Millau, et nous avons eu le grand plaisir, après une vue torticoliesque du pont et de ses immenses piles (la plus haute, la « P2 » pour les intimes, culmine à 260 mètres, avec le tablier puis les pylônes d’haubanage sur le pont, on atteint les 343 mètres.…) d’assister à deux excellentes présentations du projet par le directeur du chantier (Compagnie Eiffage Viaduc de Millau) et le directeur technique d'Eiffage TP.
Ce qui m’a le plus impressionné est à la fois l’extrême technicité du pont, de sa conception et de sa construction, et l’extrême rigueur de sa conception et réalisation…. Rien n’est laissé au hasard, et notamment j’ai été particulièrement impressionné par les essais et tests en soufflerie auxquels ont été soumis les maquettes du pont,…qui doit pouvoir résister à des vents d’une extrême violence,…des vents dits « centennaux » de plus de 170 km/h…

Tout aussi impressionnant, le fait d’apprendre que l’essentiel des travaux (96%) s’est fait au sol : les pièces de fonderie, coulées dans une usine d’Alsace et apportées sur site par convoi exceptionnel (plus de 1700 convois exceptionnels pour acheminer les quelques 36 000 tonnes de charpente métallique, soit la bagatelle de cinq fois le poids de la tour Eiffel) ont été assemblées au sol puis « poussées » de chaque côté du pont vers les piles définitives en béton (85 000 m3 de béton) en passant par les palées provisoires métalliques rouges et en étant supportées par des haubanages supplémentaires de lancée provisoire..

5. Cinquième impression : grandeur pharaonique

Le deuxième jour de notre mini-mission fut certainement son apothéose à de multiples égards…

Tout d’abord, nous eûmes la très grande surprise et joie de découvrir au petit matin le viaduc dans un halo de brume qui couvrait toute la vallée, et, à l’approche en voiture depuis Creissels, au gré des percées fugaces entre les nuages et sur fond de tâches bleuâtres d’un beau ciel de printemps, nous pouvions entr’apercevoir de façon furtive le viaduc, le haut de quelques piles, et quelques portions du tablier…et là, je puis vous assurer que nous étions tous éblouis et même émus par la majestuosité de l’ouvrage…grandiose et définitivement aérien (car il s’agit bien d’un ouvrage qui relève beaucoup plus de l’espace aérien que de l’espace terrestre..)…Me sont alors revenues à l’esprit des images analogues d’un autre cousin de ce pont, américain de son état, un certain Golden Gate Bridge à San Francisco…la baie en moins évidemment…

Le dessert restait à venir…enfin, nous allions avoir l’insigne honneur de fouler le tablier de la bête…bête littéralement vivante, ressemblant à un gigantesque serpent d’acier de près de deux kilomètres et demi de long, suspendu à plus de 250 mètres dans le vide, avec une belle incurvation horizontale (courbe voulue pour « casser » une linéarité, et donc une abstraction pouvant être perturbante, et permettre aux futurs passagers des véhicules de l'embrasser d'un coup d'oeil avant de s'engager dessus) et surtout un très impressionnant gondolement vertical entre les deux rives. Le gaillard n’étant pas encore complètement haubané en profite pour se tordre le ventre au dessus de la vallée du Tarn, et je puis vous dire que cela est très étonnant…

Vivant enfin, car comme chacun peut l’imaginer, un tel ouvrage ne cesse de se dilater et contracter au gré des variations de température, il peut ainsi s’allonger de plus de deux mètres (si peu, par rapport à ses 2,5 km, mais tant, lorsque l’on constate les écarts comme on a pu le faire au niveau de l’une des rives), ces variations sont absorbées au niveau de piles, sur lesquelles le tablier est très puissamment rivé par un jeu de câbles inouï…

Le groupe de panglossiens a donc eu la chance de déambuler sur le tablier, suspendus au-dessus de la vallée, avec une vue évidemment unique et imprenable sur la contrée.

Après les sensations fortes et images inoubliables du haut du tablier à l’à-pic du Tarn, nous visitâmes l’intérieur du caisson, un gigantesque tunnel d’acier, dont le cĹ“ur est un véritable boulevard, sur lequel nous pouvions marcher d’un bon pas, jouxtant parfois de magnifiques gerbes de soudure (une armée de soudeurs, environ deux cent de chaque côté, finit joyeusement sur place l’assemblage du fantastique mécano) et apercevant parfois le vide ensoleillé sous nos pieds à travers de rares petits interstices, toujours captivants…

Donc nul doute, le viaduc de Millau est une Ĺ“uvre réellement impressionnante et qui mérite le détour. Que notre délégué de mission soit ici remercié pour son excellente initiative et la réussite de l’organisation de cette visite. Je n’ai pas évoqué les impressions gastronomiques, au rendez-vous midi et soir, jusqu’au retour dans le TGV, où nous attaquâmes un inévitable Roquefort (acheté au village lui-même) accompagné fort à propos d’un bon muscat moelleux à souhait. Merci Bernard !!
Thierry Courtiol (MP1983)