MINI-MISSION/VISITE EN FRANCE
Millau, Juin 2004
Viaduc de Millau

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14 décembre 2004 : Inauguration du viaduc de Millau


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Compte-rendu
Ils étaient tous au rendez-vous en Aveyron pour l’événement de ce troisième millénaire, l’inauguration du viaduc de tous les records, le fleuron du savoir faire et de la technologie française, la vitrine de la conception et de la construction des ouvrages d’art. Car si cette expression du génie civil doit prendre un sens, c’est bien à Millau qu’il faut aller pour s’en rendre compte. La ligne épurée du tablier du viaduc, en légère courbe, qui relie les causses rouge au nord et du Larzac au sud, domine sans l’écraser la vallée du Tarn, suspendue à ses haubans qui lui donne la silhouette d’un voilier à 7 mâts, élégamment appuyée sur des piles élancées dont les fûts dédoublés au sommet conjuguent esthétique et stabilité.

Le Président de la République, Jacques Chirac, avait fait le voyage, comme il se doit en pareille circonstance, et a commencé la cérémonie sur le tablier, à 270 m au-dessus du Tarn, accompagné du ministre des Transports, Gilles de Robien, et du député-maire de Millau, Jacques Godfrain. Il a dévoilé la plaque commémorative puis serré les mains des personnels de la société Eiffage, constructeur et concessionnaire pour 75 ans de l’ouvrage, rassemblés autour de leur président Jean-François Roverato et du Directeur Général de la Compagnie Eiffage Viaduc de Millau, Marc Legrand. Puis il a rejoint, sous le chapiteau dressé dans le parc de la Victoire au centre de Millau, les 1500 invités qui avaient fait le déplacement des 4 coins de l’hexagone et de l’étranger. Au premier rang de ceux-ci, une importante représentation de membres des gouvernements passés et actuel, et de l’Administration, ayant à un titre ou un autre contribué à la réalisation du projet. On citera notamment un ancien premier ministre, Alain Juppé, trois ministres des transports, Anne-Marie Idrac (panglossienne, MP1977), Jean-Claude Gayssot, qui a décidé en 1998 la mise en concession de l’ouvrage dont l’Etat ne pouvait supporter le financement, et le ministre en exercice déjà cité. Mais aussi Paul Quillès, Francis Mer (également ancien président d’Arcelor, qui a fournit les 45 000 t d’acier du pont), Pierre-André Périssol (panglossien, MP1971), et quelques autres. De nombreux directeurs du ministère de l’Equipement, des Transport, du Logement, de la Mer et du Tourisme, directeur de cabinet, directeurs des routes, des transports terrestres, des affaire économiques et internationales, le vice-président du Conseil Général des Ponts et Chaussées, etc., côtoyaient des présidents d’entreprises et de syndicats et fédérations professionnelles, dont Jean-Paul Bailly, président de la Poste (qui a émis un timbre pour l’inauguration du viaduc). Les élus, présidents de conseils régionaux (Languedoc-Roussilllon et Midi-Pyrénées), sénateurs et députés, et maires étaient aussi nombreux, et même l’évêque de Rodez était de la fête (on ne sait pas s’il a béni le viaduc ?).

Lors des allocutions officielles, Jacques Godfrain a souligné l’intérêt de l’ouvrage, tant pour débarrasser la ville de Millau de son tristement célèbre « bouchon » estival, que pour la renommée et l’attractivité de la cité aveyronnaise, dont l’économie a été relancée depuis 3 ans par cet immense chantier et les 500 000 visiteurs qui s’y sont précipités. Il a relevé le défi de la transformation de cet essai, en visant à pérenniser l’activité et le développement de la cité, maintenant connue jusqu’au cĹ“ur du middle-west américain et dans l’archipel nippon, autour du tourisme industriel, complément du tourisme culturel et gastronomique de la région. Il s’est également félicité de l’engagement répété de l’Etat dans la construction de l’autoroute A75 (Clermont-Ferrand – Méditerranée) qui désenclave le Massif Central et l’Aveyron et fait de Millau une étape importante sur un axe européen nord-sud, et de son soutien pour achever le maillon clé du viaduc de Millau. Il a enfin souligné l’excellent partenariat entre la ville, les communes voisines (dont celle de Creissels sur le territoire de laquelle se situe une bonne partie du viaduc) et les sociétés du groupe Eiffage.

Ensuite Jean-François Roverato a rappelé les grandes étapes de la construction de cet ouvrage exceptionnel, conçu et dessiné initialement par un tandem ingénieur/architecte franco-anglais, Michel Virlogeux (ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, concepteur entre autres du pont de Normandie et de nombreux autres grands ouvrages en France et à l’étranger) et Sir Norman Foster, célèbre architecte britannique, concepteur de la rénovation du Reichtag à Berlin et du British Museum à Londres, du Carré d’Art à Nîmes, du nouvel aéroport de Hong Kong, et lauréat du 21e Pritzker Architecture Prize (équivalent du prix Nobel pour l’architecture), qui a déclaré au sujet du viaduc qu’« il devait affleurer le paysage avec la délicatesse d’un papillon ». Le président du groupe Eiffage, dont la plupart des sociétés ont contribués à la réalisation du pont : Eiffage TP pour les fondations et les piles en béton, Eiffel pour le tablier et les pylônes métalliques, Appia pour la chaussée et Forclum pour les installation électriques et l’éclairage, a expliqué comment son groupe, placé au 6e rang européen du BTP, a pu emporter le marché de la concession face à des concurrents plus importants, en proposant une solution technique originale combinant l’acier et le béton, qui permettait de « paralléliser » les tâches de la construction : fabrication en usine, à Lauterbourg en Alsace, des éléments métalliques du tablier, acheminement en temps réel par la route de ces éléments à Fos sur Mer pour l’assemblage de portions du tablier et de pylônes allant jusqu’à 25 m de long et 4,5 m de large et de haut, acheminés par convois routiers exceptionnels sur le site, réalisation du tablier sur chaque causse, de plein pieds et en toute sécurité, puis poussage de celui-ci au dessus de la vallée ; tout ceci pendant que les fondations se creusaient puis que les piles montaient, pour arriver à la hauteur du tablier en même temps que celui-ci se présentait au rendez-vous aérien. Cette prouesse d’organisation et de réalisation a permis de réaliser l’ouvrage en un temps record de 39 mois, avec des incidences favorables sur le coût et les frais financiers (320 millions d’euro pour le viaduc proprement dit, 400 millions en intégrant l’ensemble des dépenses, y compris les frais financiers), mais aussi sur le délai de mise en service (et donc de début des recettes du péage). C’est ainsi qu’il n’en coûtera « que » 4,9 euro aux automobilistes (sauf en juillet-août, 6,5 euro) et 24,3 euro aux camions, pour franchir en 2 mn et en toute sécurité la vallée du Tarn et les 2460 m de l’ouvrage. Et ceci à partir du jeudi 16 décembre 2004 à 10 h.

Enfin le Président de la République a pris la parole pour une allocution dans laquelle il a souligné la fierté nationale légitime devant l’exploit technique et humain de ce chantier, les atouts passés et futurs de la ville et de la région renforcés par la notoriété du viaduc, l’efficacité du partenariat public-privé pour la réalisation de grandes infrastructures de transports, et la poursuite de la politique gouvernementale engagée dans les années 1980 pour la desserte du Massif Central et la création d’un nouvel axe de communication nord-sud désengorgeant partiellement le couloir rhodanien, et confortant la place stratégique de la France dans le réseau de communication européen. Il a rendu hommage aux compétences bi-centenaires du corps des Ponts et Chaussées et des grands ingénieurs français, dont Gustave Eiffel, qui outre la tour parisienne qui l’a rendu mondialement célèbre, avait conçu et réalisé il y a 150 ans un autre ouvrage exceptionnel pour un axe de communication (ferroviaire celui-là) empruntant à peu près le même tracé que l’autoroute A75, à savoir le viaduc de Garabit, enjambant la gorge de la Truyère à une centaine de km au nord de Millau. Jacques Chirac a enfin rappelé l’engagement pris et tenu sur l’amélioration de la sécurité routière, qui reste une des priorités actuelles et au sujet de laquelle il a dit que le gouvernent « ne baissera pas la garde ».

A l’issue de son allocution, le chef de l’Etat accompagné des personnalités présentes a participé à un immense cocktail, au cours duquel il n’aura pas pu saisir une seule coupe de champagne tant ses mains étaient sollicitées par tous les invités, désireux de saluer leur président, pour l’occasion si proche et si abordable, et affable avec chacun.

Après cette partie protocolaire, les invités ont été acheminés en bus, en contournant quelques petits attroupements d’alter mondialistes rassemblés dans la cité de leur leader emblématique pour donner de la voix à l’occasion de cette tribune exceptionnelle, jusqu’au pied du viaduc, où la société Eiffage avait fait ériger une tente colossale au toit transparent, permettant d’admirer l’ouvrage se détachant dans le ciel. Les convives on pu, outre la beauté du pont, apprécier les prouesses culinaires d’un grand chef montpelliérain étoilé au Michelin, qui avait réellement mis les petits plats dans les grands pour que chacun emporte dans ses papilles assez de bons souvenirs pour associer à Millau et son viaduc une envie irrésistible de revenir sur les lieux… du festin et de la fête.

Pour les plus motivés et patients, la journée s’est achevée sur un grandiose feu d’artifice illuminant le viaduc au dessus de la vallée, à la nuit tombée, et dont l’ensemble de millavois a pu bénéficié.
Bernard Jacob (MP1979)