MINI-MISSION/VISITE EN FRANCE
Strasbourg%20et%20Freiburg-im-Breisgau%20(Allemagne), F%EF%BF%BD%EF%BF%BDvrier%202008
L'énergie et le développement durable en Alsace

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Dîner-débat avec Christian Buchel (MP 1996), président d'Electricité de Stasbourg

"Un système énergétique local face à l'ouverture des marchés et aux enjeux de développement durable"


photo n°1 - 2008fevrier_2 photo n°2 - 2008fevrier_2 photo n°3 - 2008fevrier_2 photo n°4 - 2008fevrier_2 photo n°5 - 2008fevrier_2 photo n°6 - 2008fevrier_2 photo n°7 - 2008fevrier_2 photo n°8 - 2008fevrier_2 photo n°9 - 2008fevrier_2 photo n°10 - 2008fevrier_2 photo n°11 - 2008fevrier_2 photo n°12 - 2008fevrier_2 Photos B. Jacob   (pour agrandir une photo cliquer dessus)


Compte rendu
L’environnement, un marché d’avenir !
Le Grenelle de l’Environnement est un marché considérable. La région Alsacienne soigne son image locale, ses valeurs basées sur la cohérence et son appartenance à la région. ES (Electricité de Strasbourg), filiale à 88% d’EDF, est une « entreprise non nationale » (une des 85 DNN - Distribution Non Nationale - françaises qui a le monopole de la gestion du réseau avant l’ouverture à la concurrence). Outre l’activité de gestion de réseaux, ES a l’exclusivité de la distribution dans le Bas- Rhin, et détient un monopole sur la commercialisation. Elle vend l’électricité au prix du marché, ainsi que du gaz et n’a pas d’activité de production, qui est assurée par EDF + la CNR. ES bénéficie d’un tarif de service public qu’EDF doit obligatoirement lui fournir.

Un financement public
A l’instar d’un land allemand, la région Alsace est autonome. La centrale nucléaire la plus jeune, dont la maintenance est de plus en plus importante, date de plus de trente ans. Elle est financée aux 2/3 par l’Etat (dont 1/3 par Bruxelles, 1/3 par le ministère public alsacien) et 1/3 par le public allemand. EDF est entrée dans son capital en 1992 et développe les énergies renouvelables. La question se trouve posée de savoir si l’on sait produire de l’électricité à un coût équivalent à celui du marché. Selon notre interlocuteur panglossien, la géothermie a un vrai avenir mais pour le moment le rendement reste limité. Le site de Soultz permet de faire une expérimentation en vraie grandeur. On produit à 20 centimes le kWh ou 200 euros le MWh, à comparer à 350 euros pour le photovoltaïque.

Une mission fondamentale de service public
La CCSPE (Contribution aux Charges du Service Public de l’Electricité), a été créée pour compenser les pertes liées au service public pour EDF : 1,6 milliard d’euros répartis sur toutes les factures des français.

Une cible : les énergies renouvelables
Le reste des énergies renouvelables est constitué de l’éolien (pour un coût de 160 euros/MWh). L’éolien ne représente en France qu’à peine 1% de la puissance installée contre 17% en Allemagne ! Notons au passage que la facture moyenne d’un allemand est de l’ordre de 2 fois plus élevée que celle d’un français ! En Allemagne, la question du nucléaire est un vrai problème politique. Ainsi, les allemands, aidés en cela par des écologistes français, s’en prennent à la centrale de Fessenheim. Les élus alsaciens sont d’ailleurs contre le projet de son extension. L’Alsace produit 20 TWh (milliards de kWh) dont 17% est consommé en Alsace et 40 % est exporté. Mais la région importe aussi d’Allemagne de l’électricité d’origine éolienne.

Une politique tournée vers l’innovation
ES a mis en place un outil de management de la Recherche et Développement afin de promouvoir l’innovation. Son Chiffre d’Affaires s’élève à 500 millions d’euros pour un bénéfice de 50 millions d’euros. Elle se diversifie dans le câble, les panneaux photovoltaïques (dans le cadre d’une offre globale) avec un certain succès. La société cherche à fidéliser sa clientèle client et fait de l’outsourcing avec ENI (société électricité italienne) et EDF. Son vrai concurrent est Suez-GDF qui a la main sur la production. Aujourd’hui, ES cherche à prendre des participations dans des centrales de production.

Politique des ressources humaines
Les sociétés privées embauchent beaucoup de juristes plutôt que des commerciaux car elles traînent ainsi EDF devant les tribunaux pour concurrence déloyale et généralement gagnent leur procès !

Une société en phase avec la régulation européenne en matière d’énergie
Le coût de l'énergie au client final se répartit à part égale entre l’acheminement et la fourniture (qui inclut la distribution). Ainsi le régulateur souhaite que le prix de l’acheminement soit diminué afin de faciliter l’accès aux concurrents.

Politique de partenariat
Selon une directive européenne à venir en 2008-2009, les partenariats public/privé ou concessions devront être soumis à appels d’offres.

Un peu de prospective...
L’enjeu de l’énergie est important, car l’Europe est encore très dépendante du pétrole, et en 2020, on prévoit la fin des ressources pétrolières dans le nord. Ajouté au problème du réchauffement climatique, cela montre l’ampleur des défis à relever ! Autre question d’avenir : la promotion des énergies renouvelables dans l’habitat notamment (40% de la consommation actuelle). EDF se positionne sur des services liés à l’énergie et veut faire de l’Alsace un modèle du développement durable. ES est un terreau propice, et considérée comme une région « verte ». D’ici 2020 on ne devrait pas avoir besoin de construire de nouvelle centrale nucléaire, mais se contenter de « nouvelles tranches » dans les centrales existantes. L’enjeu dans la région est ainsi la mise en service d’une nouvelle tranche à Fessenheim. Rappelons qu’EDF possède déjà 58 réacteurs, soumis tous les dix ans à une visite de contrôle par l’autorité de sûreté qui a le pouvoir de les mettre à l’arrêt .

Une clientèle diversifiée, mais une concurrence très réduite
ES dessert 446 000 clients. Ses valeurs affichées sont : la solidarité, la sécurité, l’environnement. 90% sont des particuliers, et 10% des entreprises. Elle pratique la solidarité, avec le TPN (Tarif de Première Nécessité), pour les bénéficiaires de la CMU + des chèques électricité. Une directive européenne demande que les infrastructures soient séparées de la commercialisation.
Sylvie Pittaro-Mennesson (MP1992)